sur la cire brûlante imprimons une image: Elle s'y fixera d'autant plus fortement Que le cachet si mou dans le premier mo...

sur la cire brûlante imprimons une image:
Elle s'y fixera d'autant plus fortement
Que le cachet si mou dans le premier moment
En se refroidissant se durcit davantage.
Leçon pour nous : par un outrage
Avons-nous blessé notre ami
Et du mal dont il a gémi
Voulons-nous effacer jusqu'à la cicatrice :
Qu'au plus tôt il soit réparé
Avant qu'en son cœur ulcéré
L'amitié se refroidisse
« Enfin j'ai trouvé le repos ! »
Disait une huître de marène.
« Fidèle au nœud qui nous enchaîne,
Ce roc me défendra des flots :
Nous ne faisons qu'un : je défie
Au trident de nous séparer :
Je défie au temps d'altérer
La tendre amitié qui nous lie »
« – L'amitié, repart un marsouin,
De sa nature est peu constante,
Quand le besoin qui la cimente
N'est pas un mutuel besoin.
À maint courtisan qui s'accroche
Après maint puissant, c'est pourquoi
je dis : – Crains le flot qui s'approche :
Bien que tu tiennes à la roche,
La roche ne tient pas à toi »
Disait une huître de marène.
« Fidèle au nœud qui nous enchaîne,
Ce roc me défendra des flots :
Nous ne faisons qu'un : je défie
Au trident de nous séparer :
Je défie au temps d'altérer
La tendre amitié qui nous lie »
« – L'amitié, repart un marsouin,
De sa nature est peu constante,
Quand le besoin qui la cimente
N'est pas un mutuel besoin.
À maint courtisan qui s'accroche
Après maint puissant, c'est pourquoi
je dis : – Crains le flot qui s'approche :
Bien que tu tiennes à la roche,
La roche ne tient pas à toi »
Ne me parlez jamais d'une Vieille amitié,
Dans vos cheveux dorés quand le printemps se joue
Lui,qui Vous a laisseé — lui, si vite oublié ! —
Sa fraîcheur dans l'esprit et sa fleur sur la joue !
Ami Z
Ami Z, tu m'es présent en cette solitude.
Quand le ciel, mon probléme, et l'homme,mon ,
Quand le travail, ce maître auguste et sérieux,
Quand les songes sereins, profonds, impérieux,
Qui tiennent jour et nuit ma pensée en extase,
Me laissent, dans cette ombre où dieu souffle te m'embrase,
Un instant dont je puis faire ce que je veux,
Je me tourne vers toi, penseur aux blancs cheveux,
vers toi, l'homme qu'on aime et l'homme qu'on révère,
Poète souriant, historien sévère !
Je repasse, bonheur pourtant bien incomplet,
Par tous les doux sentiers d'un souvenir qui plaît.
Ton Henri,– ton fils Pierre, ami de mon fils Charles,
– Et ta femme, – ange heureux qui rêve quand tu parles,
Je me rappelle tout : ton salon, tes discours,
Et nos longs entretiens qui font les soirs si courts,
Ton vénérable amour que jamais rien n'emousse
pour toute belle chose et toute chose douce !
Maint poème charmant que nous disait ta voix
M'apparaît ... – Mon esprit, admirant à la fois
Tant de jours sur ton front, tant de grâce en ton style,
Croit voir un patriarche au milieu d'une idylle !
Ainsi tu n'es jamais loin de mon âme, et puis
Tout me parle de toi dans ces champs où je suis :
Je compare,en mon coeur que ton ombre accompagne,
Ta verte poésie et la frîche campane :
Je t'évoque partout : il me semble souvent
Que je vais te trouver dans quelque coin rêvant,
Et que, dans le bois sombre ouvrant ses ailes blanches,
Ton vers jeune et vivant chante au milieu des branches.
Je m'attends à te voir sous un arbre endormi.
je dis : où donc est–il ? et je m'écrie :– Ami,
Que tu sois dans les champs, que tu sois à la Ville,
Salut ! bois un lait pur, bénis Dieu, lis Virgile !
Que le ciel rayonnant, où dieu met sa clarté,
Te verse au coeur la joie et la sérénité !
Qu'il fasse à tout passant ta demeure sacrée !
Qu'autour de ta vieillesse aimable et vénérée,
il accroisse, tenant tout ce qu'il t'a promis,
Ta famille d'enfants, ta famille d'amis !
Que le sourire heureux, te soit toujours facile !
Doux vieillard ! noble esprit ! sage tendre et tranquille !
L'ami d'enfance.
Un ami me parlait et me regardait vivre : Alors, c'était mourir... mon jeune âge était ivre De I'orage enfermé dont Ia foudre est au coeur; Et cet ami riait, car il était moqueur.
II n'avait pas d'aimer Ia funeste science. Son seul orage à Iui, c'était l'impatience. Léger comme I'oiseau qui siffle avant d'aimer, Disant : « Tout feu s'éteint, puisqu'il peut s'allumer ; » Plein de chants, plein d'audace et d'orgueil sans alarme, II eût mis tout un jour a comprendre une Iarme. De nos printemps égaux lui seul portait Ies fleurs ; J'étais déjà I'âinée, hélas ! Par bien des pleurs.
Décorant sa pitié d'une grâce insolente, ll disputait, joyeux, avec ma voix tremblante. A ses doutes railleurs, je répondais trop bas... Prouve-t-on que l'on souffre à qui ne souffre pas ?
Soudain, presque en colère, il m'appela méchante De tromper la saison où i'on joue, on i'on chante: « Venez, sortez, courez où sonne Ie plaisir! Pourquoi restez-vous la navrant votre loisir ? Pourquoi défier vos Immoblles pelnes ? Venez, la vie est belle, et ses coupes sont pleines ! Non ? Vous voulez pleurer ? Soit ! J'ai fait mon devoir: quand vous rirez, je reviendrai vous voir. »
Et Je Le vis s'enfuir comme L'oiseau s'envole; Et Je pleure longtemps au bruit de sa parole. Mais quoi ? La fête en lui chantait si haut alors Qu'il n'entendait que ceux qui dansent au dehors.
Tout change. Un an s'écoule, il revient... qu'il est pâle! Sur son front quelle flamme a soufflé tant de hâle ? Comme il accourt tremblant ! Comme il serre ma main ! Comme ses yeux sont noirs ! Quel démon en chemin L'a saisi ? c'est qu'il aime ! H a trouvé son âme. |I ne me dira p|us : « Que c'est Iâche ! Une femme. » Triste, il m'a demandé « C'est donc Ià votre enfer ? Et je riais... grand dieu ! Vous avez bien souffert! »
Un ami me parlait et me regardait vivre : Alors, c'était mourir... mon jeune âge était ivre De I'orage enfermé dont Ia foudre est au coeur; Et cet ami riait, car il était moqueur.
II n'avait pas d'aimer Ia funeste science. Son seul orage à Iui, c'était l'impatience. Léger comme I'oiseau qui siffle avant d'aimer, Disant : « Tout feu s'éteint, puisqu'il peut s'allumer ; » Plein de chants, plein d'audace et d'orgueil sans alarme, II eût mis tout un jour a comprendre une Iarme. De nos printemps égaux lui seul portait Ies fleurs ; J'étais déjà I'âinée, hélas ! Par bien des pleurs.
Décorant sa pitié d'une grâce insolente, ll disputait, joyeux, avec ma voix tremblante. A ses doutes railleurs, je répondais trop bas... Prouve-t-on que l'on souffre à qui ne souffre pas ?
Soudain, presque en colère, il m'appela méchante De tromper la saison où i'on joue, on i'on chante: « Venez, sortez, courez où sonne Ie plaisir! Pourquoi restez-vous la navrant votre loisir ? Pourquoi défier vos Immoblles pelnes ? Venez, la vie est belle, et ses coupes sont pleines ! Non ? Vous voulez pleurer ? Soit ! J'ai fait mon devoir: quand vous rirez, je reviendrai vous voir. »
Et Je Le vis s'enfuir comme L'oiseau s'envole; Et Je pleure longtemps au bruit de sa parole. Mais quoi ? La fête en lui chantait si haut alors Qu'il n'entendait que ceux qui dansent au dehors.
Tout change. Un an s'écoule, il revient... qu'il est pâle! Sur son front quelle flamme a soufflé tant de hâle ? Comme il accourt tremblant ! Comme il serre ma main ! Comme ses yeux sont noirs ! Quel démon en chemin L'a saisi ? c'est qu'il aime ! H a trouvé son âme. |I ne me dira p|us : « Que c'est Iâche ! Une femme. » Triste, il m'a demandé « C'est donc Ià votre enfer ? Et je riais... grand dieu ! Vous avez bien souffert! »
Le coin de l'amitié.
L'Amour, l'Hymen, l'Intérêt, la Folie,
Aux quatre coins se disputent nos jours.
L'Amitié vient compléter la partie,
Mais qu'on lui fait de mauvais tours!
Lorsqu'aux plaisirs l'âme se livre entière,
Notre raison ne brille qu'à moitié,
Et la Folie attaque la première Le coin de l'Amitié.
Le coin de l'amitié.
Puis vient I'Amour, joueur malin et traître,
Qui de tromper éprouve le besoin.
En tricherie on le dit passé maître ;
Pauvre Amitié gare à ton coin !
Ce dieu jaloux, dès qu'il voit qu'on l'adore,
A tout soumettre aspire sans pitié.
Vous cédez tout ; il veut avoir encore
Le coin de l'Amitié.
Le coin de l'amitié.
L'Hymen arrive : Oh, combien on Ie fête !
L'Amitié seule apprête ses atours.
Mais dans les soins qu'il vient nous mettre en tête
|| nous renferme pour toujours.
Ce dieu, chez Iui, calculant à toute heure,
Y Iaisse enfm l'lntérêt prendre pied,
Et trop souvent lui donne pour demeure
Le coin de l'amitié
Auprès de toi nous ne craignons, ma chère,
Ni l'lntèrêt, ni les folles erreurs.
Mais, aujourd'hui, que l'Hymen et son frère,
Inspirent de crainte à nos coeurs !
Dans plus d'un coin, où de fleurs ils se parent,
Pour ton bonheur qu'ils règnent de moitié ;
Mais quejamais, jamais ils ne s'emparent
Du coin de l'Amitié.
L'Amour, l'Hymen, l'Intérêt, la Folie,
Aux quatre coins se disputent nos jours.
L'Amitié vient compléter la partie,
Mais qu'on lui fait de mauvais tours!
Lorsqu'aux plaisirs l'âme se livre entière,
Notre raison ne brille qu'à moitié,
Et la Folie attaque la première Le coin de l'Amitié.
Le coin de l'amitié.
Puis vient I'Amour, joueur malin et traître,
Qui de tromper éprouve le besoin.
En tricherie on le dit passé maître ;
Pauvre Amitié gare à ton coin !
Ce dieu jaloux, dès qu'il voit qu'on l'adore,
A tout soumettre aspire sans pitié.
Vous cédez tout ; il veut avoir encore
Le coin de l'Amitié.
Le coin de l'amitié.
L'Hymen arrive : Oh, combien on Ie fête !
L'Amitié seule apprête ses atours.
Mais dans les soins qu'il vient nous mettre en tête
|| nous renferme pour toujours.
Ce dieu, chez Iui, calculant à toute heure,
Y Iaisse enfm l'lntérêt prendre pied,
Et trop souvent lui donne pour demeure
Le coin de l'amitié
Auprès de toi nous ne craignons, ma chère,
Ni l'lntèrêt, ni les folles erreurs.
Mais, aujourd'hui, que l'Hymen et son frère,
Inspirent de crainte à nos coeurs !
Dans plus d'un coin, où de fleurs ils se parent,
Pour ton bonheur qu'ils règnent de moitié ;
Mais quejamais, jamais ils ne s'emparent
Du coin de l'Amitié.
Amitié fidèle. Sonnet VI.
(Sur la mort d'iris en 1654.)
Parmi les doux transports d'une amitié fidèle,
Je voyais près d'lris couler mes heureux jours:
Iris que j'aime encore, et que j'aimerai toujours,
Brûlait des mêmes feux dont je brûlais pour elle:
Quand, par l'ordre du ciel, une fièvre cruelle
M'enleva cet objet de mes tendres amours;
Et, de tous mes plaisirs interrompant le cours,
Me laissa de regrets une suite éternelle.
Ah ! qu'un si rude coup étonna mes esprits !
Que je versais de pleurs ! que je poussais de cris !
De combien de douleurs ma douleur fut suivie!
Iris, tu fus alors moins à plaindre que moi :
Et, bien qu'un triste sort t'ait fait perdre la vie,
Hélas ! en te perdant j'ai perdu plus que toi.
(Sur la mort d'iris en 1654.)
Parmi les doux transports d'une amitié fidèle,
Je voyais près d'lris couler mes heureux jours:
Iris que j'aime encore, et que j'aimerai toujours,
Brûlait des mêmes feux dont je brûlais pour elle:
Quand, par l'ordre du ciel, une fièvre cruelle
M'enleva cet objet de mes tendres amours;
Et, de tous mes plaisirs interrompant le cours,
Me laissa de regrets une suite éternelle.
Ah ! qu'un si rude coup étonna mes esprits !
Que je versais de pleurs ! que je poussais de cris !
De combien de douleurs ma douleur fut suivie!
Iris, tu fus alors moins à plaindre que moi :
Et, bien qu'un triste sort t'ait fait perdre la vie,
Hélas ! en te perdant j'ai perdu plus que toi.
À mon ami ***.
Tu sais l'amour et son ivresse Tu sais l'amour et ses combats ; Tu sais une voix qui t'adresse Ces mots d'ineffable tendresse Qui ne se disent que tout bas.
Sur un beau sein, ta bouche errante Enfin a pu se reposer, Et sur une lèvre mourante Sentir Ia douceur enivrante Que recèle un premier baiser...
Maître de ces biens qu'on envie Ton cœur est pur, tes jours sont pleins ! Esclave à tes vœux asservie, La fortune embellit ta vie Tu sais qu'on t'aime, et tu te plains !
Et tu te plains ! et t'exagères Ces vagues ennuis d'un moment, Ces chagrins, ces douleurs légères, Et ces peines si passagères Qu'on ne peut souffrir qu'en aimant!
Et tu pleures ! et tu regrettes Cet épanchement amoureux! Pourquoi ces maux que tu t'apprêtes ? Garde ces plaintes indiscrètes Et ces pleurs pour les malheureux!
Pour moi, de qui l'âme flétrie N'a jamais reçu de serment, Comme un exilé sans patrie, Pour moi, qu'une voix attendrie N'a jamais nommé doucement,
Personne qui daigne m'entendre, A mon sort qui saigne s'unir, Et m'interroge d'un air tendre, Pourquoi je me suis fait attendre Un jour tout entier sans venir.
Personne qui me recommande De ne rester que peu d'instants Hors du logis ; qui me gourmande Lorsque je rentre et me demande ou je suis allé si longtemps.
Personne dont la main pressante Cherche la mienne, et dont je sente Sur mon cœur les bras se fermer!
Une fois pourtant quatre années Avaient-elles donc effacé Ce que ces heures fortunées D'illusions environnées Au fond de mon âme ont laissé ?
Oh ! c'est qu'elle était si jolie! Soit qu'elle ouvrit ses yeux si grands, Soit que sa paupière affaiblie Comme un voile qui se déplie éteignit ses regards mourants !
J'osai concevoir l'espérance Que les destins moins ennemis, Prenant pitié de ma souffrance, Viendraient me donner l'assurance D'un bonheur qu'ils auraient permis :
L'heure que j'avais attendue, Le bonheur que j'avais rêvè A fui de mon âme éperdue, Comme une note suspendue, Comme un sourire inachevé !
Elle ne s'est point souvenue Du monde qui ne la vit pas; Rien n'a signalé sa venue, Elle est passée, humble, inconnue, Sans laisser trace de ses pas.
Depuis lors, triste et monotone, Chaque jour commence et finit : Rien ne m'émeut, rien ne m'étonne, Comme un dernier rayon d'automne J'aperçois mon front qui jaunit.
Et loin de tout, quand le mystère De l'avenir s'est refermé, Je fuis, exilé volontaire ! Il n'est qu'un bonheur sur la terre, Celui d'aimer et d'être aimé.
Tu sais l'amour et son ivresse Tu sais l'amour et ses combats ; Tu sais une voix qui t'adresse Ces mots d'ineffable tendresse Qui ne se disent que tout bas.
Sur un beau sein, ta bouche errante Enfin a pu se reposer, Et sur une lèvre mourante Sentir Ia douceur enivrante Que recèle un premier baiser...
Maître de ces biens qu'on envie Ton cœur est pur, tes jours sont pleins ! Esclave à tes vœux asservie, La fortune embellit ta vie Tu sais qu'on t'aime, et tu te plains !
Et tu te plains ! et t'exagères Ces vagues ennuis d'un moment, Ces chagrins, ces douleurs légères, Et ces peines si passagères Qu'on ne peut souffrir qu'en aimant!
Et tu pleures ! et tu regrettes Cet épanchement amoureux! Pourquoi ces maux que tu t'apprêtes ? Garde ces plaintes indiscrètes Et ces pleurs pour les malheureux!
Pour moi, de qui l'âme flétrie N'a jamais reçu de serment, Comme un exilé sans patrie, Pour moi, qu'une voix attendrie N'a jamais nommé doucement,
Personne qui daigne m'entendre, A mon sort qui saigne s'unir, Et m'interroge d'un air tendre, Pourquoi je me suis fait attendre Un jour tout entier sans venir.
Personne qui me recommande De ne rester que peu d'instants Hors du logis ; qui me gourmande Lorsque je rentre et me demande ou je suis allé si longtemps.
Personne dont la main pressante Cherche la mienne, et dont je sente Sur mon cœur les bras se fermer!
Une fois pourtant quatre années Avaient-elles donc effacé Ce que ces heures fortunées D'illusions environnées Au fond de mon âme ont laissé ?
Oh ! c'est qu'elle était si jolie! Soit qu'elle ouvrit ses yeux si grands, Soit que sa paupière affaiblie Comme un voile qui se déplie éteignit ses regards mourants !
J'osai concevoir l'espérance Que les destins moins ennemis, Prenant pitié de ma souffrance, Viendraient me donner l'assurance D'un bonheur qu'ils auraient permis :
L'heure que j'avais attendue, Le bonheur que j'avais rêvè A fui de mon âme éperdue, Comme une note suspendue, Comme un sourire inachevé !
Elle ne s'est point souvenue Du monde qui ne la vit pas; Rien n'a signalé sa venue, Elle est passée, humble, inconnue, Sans laisser trace de ses pas.
Depuis lors, triste et monotone, Chaque jour commence et finit : Rien ne m'émeut, rien ne m'étonne, Comme un dernier rayon d'automne J'aperçois mon front qui jaunit.
Et loin de tout, quand le mystère De l'avenir s'est refermé, Je fuis, exilé volontaire ! Il n'est qu'un bonheur sur la terre, Celui d'aimer et d'être aimé.
Amis, un dernier mot.
Toi, vertu, pleure si je meurs !
André Chénier.
Amis, un dernier mot ! et je ferme à jamais
Ce livre, à ma pensée étranger désormais.
Je n'écouterai pas ce qu'en dira la foule.
Car, qu'importe à la source oùson onde s'écoule ?
et que m'importe, à moi, sur l'avenir penché,
où va ce vent d'automne au souffle desséché
Qui passe, en emportant sur son aile inquiète
Et les feuilles de l'arbre et les vers du poète ?
Oui, je suis jeune encore, et quoique sur mon front,
où tant de passions et d'oeuvres germeront,
Une ride de plus chaque jour soit tracée,
Comme un sillon qu'y fait le soc de ma pensée,
Dans le cour incertain du temps qui m'est donné,
L'été n'a pas encor trente fois rayonne.
Je suis flls de ce siècle ! une erreur, chaque année,
S'en va de mon esprit, d'elle-même étonnée,
Et, détrompé de tout, mon culte n'est resté
qu'à vous, sainte patrie et sainte liberté !
Je hais l'oppression d'une haine profonde.
Aussi, lorsque j'entends, dans quelque coin du monde,
Sous un ciel inclément, sous un roi meurtrier,
Un peuple qu'on égorge appeler et crier;
Quand, par les rois chrétiens aux bourreaux turcs livrée,
La grèce, notre mère, agonise éventrée;
Quand l'Irlande saignante expire sur sa croix;
Quand Teutonie aux fers se débat sous dix rois;
Quand Lisbonne, jadis belle et toujours en fête,
Pend au gibet, les pieds de Miguel sur sa tête ;
Lorsqu'Albani gouverne au pays de Caton ;
Que Naples mange et dort; lorsqu'avec son bâton,
Sceptre honteux et lourd que la peur divinise,
L'Autriche casse l'aile au lion de Venise ;
Quand Modène étranglé râle sous l'archiduc;
Quand Dresde lutte et pleure au lit d'un roi caduc;
Quand Madrid se rendon d'un sommeil léthargique ;
Quand Vienne tient Milan ; quand le lion Belgique,
Courbé comme le boeuf qui creuse un vil sillon,
N'a plus même de dents pour mordre son bâillon ;
Quand un Cosaque affreux, que la rage transporte,
Viole Varsovie échevelée et morte,
Et, souillant son Iinceul, chaste et sacré lambeau,
Se vautre sur la vierge étendue au tombeau;
Alors. oh ! je maudis. dans leur cour. dans leur antre.
Ces rois dont les chevaux ont du sang jusqu'au ventre
Je sens que le poète est leur juge ! je sens
Que la muse indignée, avec ses poings puissants,
Peut, comme au pilori, les lier sur leur trône
Et leur faire un carcan de leur lâche couronne,
Et renvoyer ces rois, qu'on aurait pu bénir,
Marqués au front d'un vers que lira l'avenir !
0h ! la muse se doit aux peuples sans défense.
J'oublie alors l'amour, la famille, l'enfance,
Et les molles chansons, et le loisir serein,
Et ] 'ajoute à ma lyre une corde d' airain !
Toi, vertu, pleure si je meurs !
André Chénier.
Amis, un dernier mot ! et je ferme à jamais
Ce livre, à ma pensée étranger désormais.
Je n'écouterai pas ce qu'en dira la foule.
Car, qu'importe à la source oùson onde s'écoule ?
et que m'importe, à moi, sur l'avenir penché,
où va ce vent d'automne au souffle desséché
Qui passe, en emportant sur son aile inquiète
Et les feuilles de l'arbre et les vers du poète ?
Oui, je suis jeune encore, et quoique sur mon front,
où tant de passions et d'oeuvres germeront,
Une ride de plus chaque jour soit tracée,
Comme un sillon qu'y fait le soc de ma pensée,
Dans le cour incertain du temps qui m'est donné,
L'été n'a pas encor trente fois rayonne.
Je suis flls de ce siècle ! une erreur, chaque année,
S'en va de mon esprit, d'elle-même étonnée,
Et, détrompé de tout, mon culte n'est resté
qu'à vous, sainte patrie et sainte liberté !
Je hais l'oppression d'une haine profonde.
Aussi, lorsque j'entends, dans quelque coin du monde,
Sous un ciel inclément, sous un roi meurtrier,
Un peuple qu'on égorge appeler et crier;
Quand, par les rois chrétiens aux bourreaux turcs livrée,
La grèce, notre mère, agonise éventrée;
Quand l'Irlande saignante expire sur sa croix;
Quand Teutonie aux fers se débat sous dix rois;
Quand Lisbonne, jadis belle et toujours en fête,
Pend au gibet, les pieds de Miguel sur sa tête ;
Lorsqu'Albani gouverne au pays de Caton ;
Que Naples mange et dort; lorsqu'avec son bâton,
Sceptre honteux et lourd que la peur divinise,
L'Autriche casse l'aile au lion de Venise ;
Quand Modène étranglé râle sous l'archiduc;
Quand Dresde lutte et pleure au lit d'un roi caduc;
Quand Madrid se rendon d'un sommeil léthargique ;
Quand Vienne tient Milan ; quand le lion Belgique,
Courbé comme le boeuf qui creuse un vil sillon,
N'a plus même de dents pour mordre son bâillon ;
Quand un Cosaque affreux, que la rage transporte,
Viole Varsovie échevelée et morte,
Et, souillant son Iinceul, chaste et sacré lambeau,
Se vautre sur la vierge étendue au tombeau;
Alors. oh ! je maudis. dans leur cour. dans leur antre.
Ces rois dont les chevaux ont du sang jusqu'au ventre
Je sens que le poète est leur juge ! je sens
Que la muse indignée, avec ses poings puissants,
Peut, comme au pilori, les lier sur leur trône
Et leur faire un carcan de leur lâche couronne,
Et renvoyer ces rois, qu'on aurait pu bénir,
Marqués au front d'un vers que lira l'avenir !
0h ! la muse se doit aux peuples sans défense.
J'oublie alors l'amour, la famille, l'enfance,
Et les molles chansons, et le loisir serein,
Et ] 'ajoute à ma lyre une corde d' airain !
Amitié de femme. A Madame L. sur son album.
Amitié, doux repos de l'âme,
Crépuscule charmant des cœurs,
Pourquoi dans les yeux d'une femme
As-tu de plus tendres langueurs ?
Ta nature est pourtant la même !
Dans le cœur dont elle a fait don
Ce n'est plus la femme qu'on aime,
Et l'amour a perdu son nom.
Mais comme en une pure glace
Le crayon se colore mieux,
Le sentiment qui le remplace est plus
visible en deux beaux yeux.
Dans un timbre argentin de femme
II a de plus tendres accents :
La chaste volupté de l'âme
devient presque un plaisir des sens.
De l'homme la mâle tendresse
est le soutien d'un bras nerveux,
Mais la vôtre est une caresse
Qui frissonne dans les cheveux.
Oh ! laissez-moi, vous que j'adore
des noms les plus doux tour à tour,
O femmes, me tromper encore
aux ressemblances de l'amour !
Douce ou grave, tendre ou sévère,
L'amitié fut mon premier bien :
Quelque soit la main qui me serre,
C'est un coeur qui répond au mien.
Non,jamais ma main ne repousse
ce symbole d'un sentiment;
Mais lorsque la main est plus douce,
Je la serre plus tendrement.
Amitié, doux repos de l'âme,
Crépuscule charmant des cœurs,
Pourquoi dans les yeux d'une femme
As-tu de plus tendres langueurs ?
Ta nature est pourtant la même !
Dans le cœur dont elle a fait don
Ce n'est plus la femme qu'on aime,
Et l'amour a perdu son nom.
Mais comme en une pure glace
Le crayon se colore mieux,
Le sentiment qui le remplace est plus
visible en deux beaux yeux.
Dans un timbre argentin de femme
II a de plus tendres accents :
La chaste volupté de l'âme
devient presque un plaisir des sens.
De l'homme la mâle tendresse
est le soutien d'un bras nerveux,
Mais la vôtre est une caresse
Qui frissonne dans les cheveux.
Oh ! laissez-moi, vous que j'adore
des noms les plus doux tour à tour,
O femmes, me tromper encore
aux ressemblances de l'amour !
Douce ou grave, tendre ou sévère,
L'amitié fut mon premier bien :
Quelque soit la main qui me serre,
C'est un coeur qui répond au mien.
Non,jamais ma main ne repousse
ce symbole d'un sentiment;
Mais lorsque la main est plus douce,
Je la serre plus tendrement.
À Alfred Tattet. Sonnet.
Qu'il est doux d'être au monde, et quel bien que la vie !
Tu le disais ce soir par un beau jour d'été.
Tu le disais, ami, dans un site enchanté,
Sur le plus vert coteau de ta forêt chérie.
Nos chevaux, au soleil, foulaient l'herbe fleurie :
Et moi, silencieux, courant à ton côté,
Je laissais au hasard flotter ma rêverie ;
Mais dans le fond du cœur je me suis répété :
Oui, la vie est un bien, la joie est une ivresse;
Il est doux d'en user sans crainte et sans soucis ;
|| est doux de fêter les dieux de Ia jeunesse,
De couronner de fleurs son verre et sa maîtresse,
D'avoir vécu trente ans comme Dieu l'a permis,
Et, si jeunes encor, d'être de vieux amis.
Bury, le 10 août 1838.
Qu'il est doux d'être au monde, et quel bien que la vie !
Tu le disais ce soir par un beau jour d'été.
Tu le disais, ami, dans un site enchanté,
Sur le plus vert coteau de ta forêt chérie.
Nos chevaux, au soleil, foulaient l'herbe fleurie :
Et moi, silencieux, courant à ton côté,
Je laissais au hasard flotter ma rêverie ;
Mais dans le fond du cœur je me suis répété :
Oui, la vie est un bien, la joie est une ivresse;
Il est doux d'en user sans crainte et sans soucis ;
|| est doux de fêter les dieux de Ia jeunesse,
De couronner de fleurs son verre et sa maîtresse,
D'avoir vécu trente ans comme Dieu l'a permis,
Et, si jeunes encor, d'être de vieux amis.
Bury, le 10 août 1838.
À man ami
Dans mes jours de malheur, seul entre mille,
Tu m'es resté fidèle où tant d'autres m'ont fui.
Le bonheur m'a prêté plus d'un lien fragile ;
Mais c'est l'adversité qui m'a fait un ami.
C'est ainsi que les fleurs sur les coteaux fertiles
Etalent au soleil leur vulgaire trésor;
Mais c'est au sein des nuits,
sous des rochers stériles,
Que fouille le mineur qui cherche un rayon d'or.
C'est ainsi que les mers calmes et sans orages
Peuvent d'un flot d'azur bercer le voyageur ;
Mais c'est le vent du nord, c'est le vent des naufrages
Qui jette sur la rive une perle au pêcheur.
Maintenant Dieu me garde !
Où vais-je ? Eh ! que m'importe ?
Quels que soient mes destins, je dis comme Byron :
"L'Océan peut gronder, il faudra qu'il me porte."
Si mon coursier s'abat, j'y mettrai l'éperon.
Mais du moins j'aurai pu, frère, quoi qu'il m'arrive,
De mon cachet de deuil sceller notre amitié,
Et, que demain je meure ou que demain je vive,
Pendant que mon coeur bat, t'en donner la moitié.
Sonnet.
Ainsi, mon cher ami, vous allez donc partir !
Adieu ; laissez les sots blâmer votre folie.
Quel que soit le chemin, quel que soit l'avenir,
Le seul guide en ce monde est la main d'une amie.
Vous me laissez pourtant bien seul, moi qui m'ennuie.
Mais qu'importe ? L'espoir de vous voir revenir
Me donnera, malgré les dégoûts de la vie,
Ce courage d'enfant qui consiste à vieillir.
Quelquefois seulement, près de votre maîtresse,
Souvenez-vous d'un coeur qui prouva sa noblesse
Mieux que l'épervier d'or dont mon casque est armé ;
Qui vous a tout de suite et librement aimé,
Dans la force et la fleur dela belle jeunesse,
Et qui dort maintenant à tout jamais fermé.
Les deux amitiés.
II est deux Amitiés comme il est deux Amours.
L'une ressemble à l'imprudence :
Faite pour l'âge heureux dont elle a l'ignorance,
C'est une enfant qui rit toujours.
Bruyante, naïve, légère,
Elle éclate en transports joyeux.
Aux préjugés du monde indocile, étrangère,
Elle confond les rangs et folâtre avec eux.
L'instinct du cœur est sa science,
Et son guide est la confiance.
L'enfance ne sait point haïr;
Elle ignore qu'on peut trahir.
Si l'ennui dans ses yeux (on l'éprouve à tout âge)
Fait rouler quelques pleurs,
L'Amitié les arrête, et couvre ce nuage
D'un nuage de fleurs.
On la voit s'élancer près de l'enfant qu'elle aime,
Caresser la douleur sans Ia comprendre encor,
Lui jeter des bouquets moins riants qu'elle-même,
L'obliger à la fuite et reprendre l'essor.
C'est elle, ô ma première amie !
Dont la chaîne s'étend pour nous unir toujours.
Elle embellit par toi l'aurore de ma vie,
Elle en doit embellir encor les derniers jours.
Oh ! que son empire est aimable !
Qu'il répand un charme ineffable
Sur la jeunesse et l'avenir,
Ce doux reflet du souvenir !
Ce rêve pur de notre enfance
En a prolongé l'innocence ;
L'Amour, le temps, l'absence, le malheur,
Semblent le respecter dans le fond de mon cœur.
|| traverse avec nous Ia saison des orages,
Comme un rayon du ciel qui nous guide et nous Iuit :
C'est, ma chère, un jour sans nuages
ui prépare une douce nuit.
L'autre Amitié, plus grave,
plus austère, Se donne avec lenteur, choisit avec mystère ;
Elle observe en silence et craint de s'avancer ;
Elle écarte les fleurs, de peur de s'y blesser.
Choisissant Ia raison pour conseil et pour guide,
Elle voit par ses yeux et marche sur ses pas :
Son abord est craintif, son regard est timide ;
Elle attend, et ne prévient pas.
Prendre le temps qu'il faut,
montrer ce qui est vrai,
et non ce qui est faux,
avec le coeur,
et montrer sa chaleur.
C'est montrer sa grandeur,
montrer que l'on a pas peur,
dire que l'on est là pour celle,
ou même celui qui est près de nous.
Que cette personne est grande,
que l'on respecte celle-ci,
que l'on ferait les mêmes choses,
que l'on donnerait tellement,
tellement de temps et de moyens,
les vrais amis sont les plus grands,
ceux qui sont comme des frères,
ou même des soeurs du coeur.
Une déclaration d'amitié,
c'est montrer que l'on aime,
comme de la famille cette personne,
montrer que l'on est proche,
montrer que l'on est là pour tout,
et qu'on espère que c'est réciproque,
et que l'on vit des instants de bonheur.
La meilleure amie
C'est l'amie qui prend soin de nous,
celle qui est toujours à nos côtés,
celle qui nous montre le présent,
mais aussi l'avenir,
ainsi que les choix dela vie.
Une amie c'est pour nous aider,
nous expliquer les choses,
être un peu un guide,
elle est là pour nous,
et nous sommes là pour elle.
La meilleure amie est comme une soeur,
elle nous remplit tous les jours de bonheur,
elle est grande dans notre coeur,
elle est comme une soeur.
Elle sait ce que l'on ressent,
et cela presque tout le temps,
elle sait comment nous rendre heureuse,
et nous faire des surprises joyeuses.
L'amour que l'on a pour elle,
est un amour important,
la meilleure amie que l'on a,
c'est celle qui est toujours là
